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Femmes & FinTech : « Il faut encourager les femmes à s’engager dans cette voie d’avenir »

8 mars 2019

Office culture

A l’occasion de la journée internationale des Droits des Femmes, nous mettons à l’honneur les femmes dans les FinTech et plus particulièrement les femmes chez Lemonway au travers de l’interview croisée de deux d’entre elles, toutes deux membres du Codir. Pauline Heitz, 27 ans, Responsable conformité contrôle interne et Karine Coutinho, 31 ans, Directrice Marketing et Communication depuis sept mois nous parlent de l’approche de Lemonway concernant la parité, leur conception du management ainsi que du rôle des femmes dans un univers qu’on aurait tort de croire réservé aux hommes.

 

Quelle est la politique de Lemonway concernant la parité ?

Pauline Heitz : Je pense que le parti pris de Lemonway est de juger des profils et non des personnes. C’est une spécificité maison. Et je n’ai vraiment jamais eu ce sentiment dans toutes les entreprises dans lesquelles j’ai travaillé auparavant.

Karine Coutinho : Je suis entièrement d’accord et pour reprendre des chiffres concrets, nous sommes à 31% de femmes chez Lemonway et 33% au Codir. La bonne nouvelle déjà c’est que la représentation des femmes au Codir est similaire au ratio homme/femme au sein de Lemonway. Et c’est rarement le cas dans d’autres entreprises…  Nous sommes aussi très fières de compter des femmes à des postes stratégiques de managers au sein du département juridique et back office paiement. Nous avons également deux femmes au sein du département IT et R&D, des départements très orientés Tech. Et puis, nous avons la chance d’avoir une Direction Générale qui nous encourage, Pauline et moi, à prendre la parole et à participer à des initiatives extérieures telles que l‘European Women Payment Network et qui promeuvent la place des femmes dans la FinTech. Ce sont des signaux très positifs et qui vont dans le bon sens.

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Aujourd’hui les femmes ne doivent plus se demander si elles ont leur place dans la Finance, cela ne fait aucun doute !

Karine Coutinho
Directrice Marketing et Communication

Vous êtes toutes les deux à la tête d’une équipe composée de profils différents. Quelle est votre conception du management ?

P.H : Me concernant c’est plutôt un management participatif néanmoins comme mon département compte dix personnes il faut un minimum de règles. Il y a un cadre qui est clairement défini dès le départ sur l’horaire avec la souplesse que l’on peut connaitre chez Lemonway mais il faut un cadre que l’on pose au début. Ensuite ça marche à la confiance. Quand j’embauche des collaborateurs je leur dis qu’ils sont ici pour participer à la création, à l’innovation. La FinTech c’est nouveau et il reste encore beaucoup à faire. Je leur dis la même chose qu’ils soient stagiaires en CDD ou en CDI. Pour moi, c’est l’idée qui est intéressante et non pas le statut de la personne qui émet cette idée. C’est pourquoi je les aide à progresser, à grandir, à s’épanouir dans un cadre défini.

K.C : A l’instar de Pauline, ma notion de management est basée sur la confiance, l’ouverture d’esprit et le dialogue. De mon point de vue, je trouve aujourd’hui le terme « management » un peu réducteur lorsqu’il s’agit d’interaction humaine : on manage un business ou une affaire mais on anime une équipe et on collabore avec des êtres humains. A partir du moment où la confiance et le dialogue sont de mise et que les objectifs et deadlines sont énoncées et clairs pour tous, cela met en place une atmosphère où chacun connait sa place et se sent responsable de ses missions. Une autre dimension importante c’est la collaboration et la co-création, c’est-à-dire que la somme de plusieurs idées combinées est toujours plus intéressante et percutante que lorsque des décisions sont prises de façon esseulées. Et bien entendu, le tout agrémenté d’une touche de fun et de bonne humeur, toujours !

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Nous sommes sur le bon chemin et j’espère surtout que la question ne se posera plus dans dix ans.

Pauline Heitz
Responsable Conformité Contrôle Interne

Ressentez-vous des différences de management entre un homme et une femme ?

 P.H : Je pense qu’il ne faut pas prendre la question sous cet angle-là. Que ce soit un homme ou une femme, c’est la technique de management qui compte. Et le management participatif est le même si c’est un homme ou une femme.

K.C : Pour moi, un manager doit avant tout fédérer et impulser une dynamique. Il doit s’adapter et réussir à appréhender les différentes spécificités qui composent son équipe. Je pense qu’un bon manager doit avant tout être un leader mais pas n’importe lequel. Au XXe siècle, déjà, un auteur britannique Charles Handy, prévoyait que « le leader de demain devrait avoir une approche plus féminine, qu’il devrait convaincre plutôt que de donner des ordres ». Et aujourd’hui on en est là. Il ne s’agit pas d’opposer les hommes aux femmes, bien au contraire, il y a beaucoup d’hommes qui sont de parfaits leaders et qui amènent loin leurs équipes. Il s’agit davantage de créer un nouveau code du leader en entreprise au XXI e siècle en phase avec les attentes des « Millenials » qui arrivent en force sur le marché du travail. A mon sens, la clé d’un bon management réside dans un savant mélange entre des qualités dites « féminines » comme l’empathie, la proximité, l’écoute et la transversalité, tout en délaissant certains codes dits « masculins » tels que la distance, la linéarité, le paternalisme… Loin de s’opposer, ces deux approches se complètent.

 

La parité est-elle autant respectée dans la Finance traditionnelle ?

P.H : Si je prends mon cas personnel, oui. En tout cas j’ai eu la chance de ne pas constater l’inverse. Par exemple, lorsque j’étais en alternance ma responsable était une femme. Lorsque je travaillais en cabinet, la Partner était une femme. Je n’ai vraiment pas cette vision d’une finance sexiste telle qu’elle peut être décriée ou critiquée ici et là ou même au cinéma à travers certains films. Alors il peut y avoir un sujet sur les rémunérations, je ne suis jamais vraiment entrée dans ces détails là, mais pour moi nous sommes sur le bon chemin et j’espère surtout que la question ne se posera plus dans dix ans. Car il y a des signaux positifs, notamment grâce aux FinTech, et il faut encourager les femmes à s’engager dans cette voie d’avenir.

K.C : Avant d’intégrer Lemonway, j’ai évolué au sein d’une entité qui avait pour vocation de digitaliser les institutions financières dites « traditionnelles ». Et j’ai pu constater que beaucoup d’hommes occupaient des postes à responsabilité mais il faut rappeler que la finance est un secteur où historiquement les hommes sont très représentés. Il ne faut pas oublier aussi que jusqu’en 1965 une femme devait avoir l’autorisation de son mari pour ouvrir un compte en banque et même exercer une profession. Heureusement, les temps ont changé et je pense que la crise financière de 2008 a eu l’effet d’une prise de conscience globale qui tend aujourd’hui vers une finance plus ouverte, plus éthique avec le développement de projets de finance verte, responsable et inclusive. Et finalement une finance beaucoup plus empathique et orientée sur les besoins du client avec des valeurs moins « paternalistes ». C’est pourquoi aujourd’hui les femmes ne doivent plus se demander si elles ont leur place dans la finance. Cela ne fait aucun doute !

P.H : Le fait même de se poser la question de la place des femmes dans la finance relève du sexisme ordinaire.

K.C : Oui c’est vrai, mais historiquement, il faut être honnête, la finance était un secteur presque exclusivement réservé aux hommes. Ça change aujourd’hui et c’est essentiellement grâce aux femmes qui ont à cœur de prendre leur destin en main. Il y a dans la FinTech de plus en plus de femmes engagées, avec des convictions et des valeurs profondes, qui savent que pour changer les choses il faudra aussi bousculer le statu quo.

P.H : Et puis les gens limitent également la finance au trading or il n’y a pas que des traders, il y a énormément d’autres métiers dans la finance.

K.C : Je suis entièrement d’accord. Le souci aujourd’hui c’est qu’en Europe seulement 5% de femmes dirigent une FinTech. C’est ça pour moi le véritable problème. Il faut encourager les femmes à prendre davantage le rôle de créatrices d’entreprises. Il y a des modèles comme Joëlle Durieux qui dirige le Pôle Finance Innovation ou encore Céline Lazorthes la créatrice et dirigeante de Leetchi et MangoPay qui font évoluer les mentalités en nous montrant que les choses sont possibles. Il y a également de nombreuses initiatives telles que Willa – Women in Fintech, StartHer, ou encore Financi’elles qui permettent aux femmes dans la Fintech de se rencontrer et d’échanger sur des problématiques communes. Et comme l’a dit Pauline, il faut vraiment inciter les femmes à s’engager dans cette voie d’avenir.

 

Merci à nos Lemon Ladies !