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Innovation des modes de paiement & Retail : le rôle stratégique des EP/EME

Publié le 6 mai 2019

Innovation des modes de paiement & Retail

L’univers du retail se doit d’innover constamment pour proposer des expériences utilisateurs uniques et inédites. Les modes de paiement font partie intégrante de cette stratégie d’innovation. Paiement mobile, open banking, blockchain, cryptomonnaies, etc. chaque innovation apporte son lot de changements et de nouveaux acteurs qui éloignent un peu plus la banque traditionnelle du commerçant. Damien Guermonprez, Président de Lemonway, dresse ici les raisons de cette intermédiation bancaire dans le secteur du retail et le rôle stratégique des Etablissements de Paiement (EP) et des Emetteurs de Monnaie Electronique (EME) dans cette course à l’innovation.  

E-commerce et marketplaces creusent la distance entre les banques et les retailers

Avec la croissance de l’e-commerce se sont développés les Prestataires de Services de Paiement (PSP), visant à rendre les transactions plus fluides, plus rapides et plus sûres. Les PSP sont capables d’accepter toujours plus de moyens de paiement à travers le monde mais aussi de traiter l’acceptation en temps réel. La course aux volumes les a poussés à étendre leur maillage sur tous les continents et à fusionner à l’instar du rachat de WorldPay par FIS pour 43 milliards de $, une transaction à la portée de peu de banques dans le monde. Les réseaux d’acceptation des cartes de paiement se sont eux aussi consolidés et ont renforcé leurs processus de lutte contre la fraude en rachetant des spécialistes à l’instar de CyberSource, désormais filiale de Visa. Ces acteurs constituent le premier niveau d’intermédiation entre les banques et les e-commerçants. L’émergence de la Place de Marché a également contribué à éloigner les banques des commerçants d’un deuxième niveau d’intermédiation. En effet, la DSP1 et la DSP2 transposées dans chacun des pays européens exigent que les places de marché fassent appel à un tiers de confiance pour collecter leurs paiements, une activité appelée « collecte pour compte de tiers ». Ce nouveau métier est réalisé par les Etablissements de Paiement (EP) et les Emetteurs de Monnaie Electronique (EME). Ainsi, l’EP ou l’EME vient s’intercaler entre la marketplace et l’établissement bancaire pour éviter que de fausses places de marché ne disparaissent après avoir collecté l’argent de leurs clients sans avoir livré le bien ou le service.  

Les EP/EME plus adaptés aux nouvelles exigences du retail

Les prestataires techniques (Atos, Ingenico, Monext) ne deviennent pas EP ou EME pour plusieurs raisons. D’une part, le travail de l’EP/EME s’accompagne de la création de comptes de paiement régit en France par le Code Monétaire et Financier et de responsabilités règlementaires (audit ACPR, demande d’agrément). Une responsabilité bancaire que les prestataires ne souhaitent pas endosser. D’autre part, d’un point de vue technologique, les « tuyaux » du prestataire technique, si efficaces soient-il pour acheminer les transactions peu coûteuses à travers le monde sont mal équipés pour gérer les transactions complexes des marketplaces. Les paniers des utilisateurs de marketplaces contiennent des produits issus de plusieurs marchands et nécessitent de scinder les transactions et de les réconcilier, ce à quoi répond la technologie du compte de paiement. Les e-commerçants passent donc du binôme banque/prestataire technique à un EP ou EME qui traite les flux de paiement des places de marché via à ses propres prestataires (bancaires et techniques). On l’aura compris : les places de marché ont tout intérêt à faire appel à un EP/EME qui fournira une solution la plus complète possible. Finalement, si les banques sont des acteurs de référence en matière de paiement physique, le paiement sur internet requiert d’autres besoins couverts par les nouveaux acteurs du paiement que sont les EP/EME qui ont enrichi l’expérience paiement des utilisateurs et satisfait la nouvelle génération d’e-commerçants.  

La DSP2, un pas de plus vers l’intermédiation bancaire

Et ce n’est pas tout, en plus de la multitude d’acteurs qui s’invitent à partager la maigre marge issue de l’activité du paiement, les banques font face à l’obligation de rendre accessibles leurs données aux nouveaux entrants à partir du 14 septembre 2019, date à laquelle les APIs bancaires seront ouvertes à de nouveaux acteurs. Le deuxième volet de la directive sur les services de paiement (DSP2) les oblige en effet à offrir aux nouveaux acteurs des API réglementaires qui permettent aux initiateurs de paiement et aux agrégateurs de comptes, d’initier un virement à partir du compte de paiement d'un client du réseau bancaire, de vérifier la disponibilité des fonds sur le compte de paiement d'un client ou d’accéder aux données des comptes de paiement autorisées par le client. La DSP2 constitue une véritable révolution. En conclusion, la transformation digitale des secteurs marchands et bancaires s’accompagne d’une redéfinition des rôles et de l’apparition d’une multitude de nouveaux acteurs qui s’intercalent dans la relation entre le commerçant et sa banque. L’émergence des places de marché et des agrégateurs et initiateurs de paiement accélèrent davantage encore le mouvement. Amazon a ainsi capté la moitié de l’e-commerce en Amérique du Nord et les méga fusions entre acteurs du paiement défraient la chronique. Les banques doivent-elles se rapprocher des commerçants pour miser ensemble sur le métier de l’émission des moyens de paiement pour tenter de reprendre une partie du terrain laissé aux nouveaux entrants ? L’avenir nous le dira...

 

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